Quand le cerveau défie la machine

Le numéro d’octobre du magazine Books nous propose un dossier passionnant de dix-neuf pages consacrées à la comparaison entre cerveau humain et intelligence artificielle. Une compétition qui donne lieu chaque année au Prix Lobner, décerné au logiciel le mieux capable de se faire passer pour un humain lors du test de Turing et d’en convaincre un maximum de juges. Ds les années 50, le logicien et mathématicien anglais Alan Turing posait la question : les machines sont-elles capables de penser ? Pour ce faire, il élabore un test où un juge pose des questions sur un ordinateur à deux correspondants, l’un humain, l’autre logiciel, et doit découvrir lequel est lequel. Un exercice passionnant qui donne lieu à un questionnement philosophique sur l’évolution de l’esprit humain face aux avancées technologiques. Jusqu’à ce jour, les hommes ont toujours réussi le test de Turing, mais la machine peut parfois prendre le dessus sur l’homme comme ce fut le cas en 1997, quand Deep blue battit Kasparov aux échecs. En attendant, la question de la conscience humaine (d’un point de vue neurobiologique mais aussi philosophique) et de sa reproductibilité par ordinateur reste posée.

S’inspirant de ce modle et s’appuyant sur la thérapie rogérienne dite “centrée sur la personne”, un chercheur du MIT créa dans les années 60 un logiciel de conversation thérapeutique appelé Eliza. Ce logiciel réagissait à certains mots-clés qu’il analysait et répondait à son interlocuteur par une formulation prédéfinie élaborée d’aprs une grille. Beaucoup de gens en utilisant cet outil, pensrent avoir affaire à un véritable humain. La communauté médicale de l’époque accueillit cette invention avec grand enthousiasme “plusieurs centaines de patients pourraient être traités en une heure par un ordinateur conçu à cet effet. Le thérapeute humain, impliqué dans la conception et le fonctionnement du systme, ne serait pas supplanté, mais deviendrait beaucoup plus efficace”. En parallle, Weizenbaum, son inventeur, s’épouvanta que son logiciel soit pris au sérieux. Il renia son oeuvre et en vint même à réfuter toute recherche sur l’intelligence artificielle. Une décision un peu extrême même si son logiciel n’était pas véritablement capable de remplacer un vrai psy. Pour vous en convaincre, on peut trouver sur le net une version d’Eliza (il suffit de taper Eliza et thérapeute dans un moteur de recherche) et constater qu’on finit par tourner en rond assez rapidement !

Source : Books octobre 2011 numéro 26;