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Les distorsions cognitives

Identifier et comprendre les mécanismes de distorsion cognitive dans les troubles de l’humeur, les personnalités pathologiques et les troubles anxieux est un premier pas vers la thérapie cognitivo-comportementale. On appelle distorsion cognitive (cf. A. Beck et D. Burns) le fait de déformer le réel par une interprétation erronée, de voir le monde de manire biaisée, conduisant ainsi le sujet à avoir des pensées négatives qui elles-mêmes sont sources d’anxiété et de mal-être. Ces pensées sont d’autant plus difficiles à contrer qu’elles deviennent systématiques et envahissantes pour le sujet qui en souffre, au point qu’elles prennent le pas sur une vision lucide du monde et deviennent automatiques.

On répertorie différents types de distorsions cognitives :

  • La personnalisation consiste à ramener à soi les événements négatifs pour s’en attribuer l’entire responsabilité. Ce phénomne d’hyper culpabilité se retrouve dans la dépression, où le sujet s’attribue le malheur des autres et se perçoit comme la cause de tous les événements négatifs qui se produisent : “ma fille a de mauvaises notes en maths, c’est ma faute, je suis un pre lamentable”.

  • L’inférence arbitraire est le fait de tirer des conclusions de manire inappropriée, sans preuve ni faits avérés. Il y a les erreurs de type voyance où le sujet fait des prédictions pessimistes sur la seule base de ses certitudes “la thérapie ne pourra pas fonctionner sur moi, je suis incurable” ; il y a également la lecture dans les pensées d’autrui qui consiste à prêter des idées et des pensées erronées à l’autre “si elle ne m’a toujours pas rappeler, c’est qu’elle a décidé de ne plus me voir”. Dans tous les cas, cette forme de pensée “boule de cristal” conduit le sujet à entretenir ses émotions négatives et ses angoisses, et s’enfermer dans la dépression.

  • La sur-généralisation est l’extrapolation d’un échec ponctuel à l’échec de toute une vie “mon rendez-vous d’hier soir a été décevant, de toute façon, je vais rester seul toute ma vie”.

  • Le manichéisme ou pensée dichotomique : noir ou blanc, tout ou rien, le sujet prive son raisonnement de toute nuance, accentuant son sentiment d’incapacité et de dévalorisation quand tout ce qui n’est pas réussite devient automatiquement un échec “j’ai mangé un gâteau, mon régime est fichu !” ; “je n’ai eu que 17/20 à cet examen, quel nul !”. Ce mécanisme de pensée est trs fréquent chez les perfectionnistes pour lesquels le niveau d’exigence est tel, qu’il les conduit immanquablement à l’autodévalorisation et la culpabilité.

  • L’abstraction sélective : on focalise son attention sur un détail négatif en oblitérant le contexte et tout le reste. Ce filtre de la pensée permet d’étayer une vision généralement négative des situations “il y a une faute d’orthographe sur ce CV, cette personne est vraiment incompétente”.

  • L’amplification et la minimisation ou comment exagérer ses fautes et minimiser ses réussites : “j’ai oublié de dire bonjour à mon patron ce matin, il va surement me licencier” ; “on a gagné le match mais on a eu beaucoup de chance”.

  • Le rejet du positif “j’ai eu mon permis de conduire parce que l’examinateur a eu pitié de moi”, “quand on me dit que je suis jolie, je sais que c’est pour être gentil car ce n’est pas vrai”.

  • Le catastrophisme ou comment envisager toute situation par le scénario du pire “il ne m’a pas rappelé, il aurait dû rentrer depuis 15mn, il a dû avoir un accident de voiture, il est peut-être à l’hpital à l’heure qu’il est”. Les hypocondriaques sont des catastrophistes sur le plan de leur santé physique, le moindre bobo devient grande source d’interrogations sur de potentielles maladies graves et donc d’angoisses.

  • L’étiquetage consiste à définir un comportement ou un trait de personnalité de manire simpliste comme de dire “je suis un perdant”ou “je ne vaux rien” aprs un échec par exemple. On catégorise également autrui pour entretenir l’idéation négative de son environnement “il n’aime rien”, “elle ne m’écoute jamais”, et se conforter dans son jugement noir de la situation et le désespoir qui en découle.

  • Les obligations fausses comme de fixer à soi ou aux autres des impératifs “je dois faire”, “il faut que”, sources de frustration et de culpabilité. On retrouve ce type de pensée notamment chez les personnalités obessionnelles compulsives et les borderlines.

Les distorsions cognitives jouent un rle fondamental dans la naissance et la persistance des troubles anxieux généralisés, des troubles de l’humeur comme la dépression, et de nombreuses personnalités pathologiques. Travailler à leur prise de conscience et leur correction reste l’une des clefs de la thérapie comportementale et cognitive.;